Toutes les archives de Claude Guéant n'ont pas disparu. Si les notes de travail de l'ancien secrétaire général de l'Elysée (2007-2011) n'ont pu être retrouvées, comme l'ont constaté les juges chargés de l'affaire Pérol, celles datant de son passage au ministère de l'intérieur (2011-2012) nourrissent désormais le dossier Tapie.
Elles accréditent l'idée selon laquelle le fidèle collaborateur de Nicolas Sarkozy a continué de s'impliquer, alors qu'il n'était plus à l'Elysée, dans l'affaire de l'arbitrage entre le Crédit lyonnais et Bernard Tapie, et rendent plus que jamais nécessaire son audition, sous un statut à déterminer.
M. Guéant – qui n'a pas donné suite aux sollicitations du Monde – est soupçonné d'avoir joué un rôle moteur dans le processus d'arbitrage. Le 7 juillet 2008, un tribunal arbitral avait accordé une somme de 405 millions d'euros à M. Tapie, dans des conditions considérées comme suspectes par les juges Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff. Les magistrats postulent que M. Tapie, proche de M. Sarkozy, aurait bénéficié d'un arbitrage truqué, le qualifiant même de « simulacre » – ce que réfute vivement l'homme d'affaires.
Lors d'une perquisition dans ses bureaux d'avocat, les juges ont saisi un cahier bleu, de marque Conquérant, sur lequel M. Guéant prenait des notes. Une page, manifestement rédigée au début de l'année 2012, est consacrée au sort de Jean-François Rocchi. Ce haut fonctionnaire, ancien dirigeant du Consortium de réalisation (CDR), l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit lyonnais, est poursuivi pour « escroquerie en bande organisée » et « usage abusif des pouvoirs sociaux ». Il est suspecté d'avoir joué un rôle central dans le processus présumé frauduleux.
Source: Le Monde