Sur le grand écran lumineux du « centre de crise », des points verts, bleus et rouges clignotent sur le planisphère. Ce sont les situations de catastrophes naturelles et les missions déployées par l’ONG turque Kimse Yok mu ? (« N’y a-t-il personne ? ») à travers le monde. Ses volontaires, montre la jeune femme voilée qui supervise cette cellule d’urgence, sont sur tous les terrains, souvent en avance. « Au Japon, nous étions dans la région de Fukushima dès le lendemain de la catastrophe, à tel point que les autorités étaient surprises de nous voir. Aux Philippines, nous étions les tout premiers dans la région touchée par le typhon », souligne-t-elle.
« C’est dans les crises que l’on compte ses amis », ironise Ismail Cingöz, le président de cette organisation turque, l’œil pétillant derrière de fines lunettes. La crise qu’il évoque à demi-mots ne figure pas sur sa mappemonde et n’a rien d’humanitaire. Elle oppose depuis trois mois le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, mis en cause dans un vaste scandale de corruption et de malversations, à la confrérie religieuse de l’imam Fethullah Gülen, son ancien allié qu’il accuse de « trahison » et qu’il soupçonne d’avoir orchestré « un complot judiciaire ».
L’ONG humanitaire, dont le siège est installé à la périphérie d’Istanbul, est l’une des vitrines de la confrérie Gülen. « M. Erdogan cherche à produire un faux ennemi pour détourner l’attention. Jusqu’à aujourd’hui, il applaudissait notre travail en disant que les classes moyennes anatoliennes prenaient leur plac...
Source: Le Monde